12 juil. 2010

La folie du temps : musique, littérature et arts



L’objectif de ce colloque est d’engager une réflexion sur la démesure, l’excentricité et l’impensable du temps dans sa dimension purement esthétique. Aux apories et aux paradoxes de l’idée du temps, l’art a souvent répondu en mettant en scène la folie du temps et la vaine entreprise d’y cerner un sens. Il y a, dans la représentation artistique du temps, une certaine disproportion, une outrance, voire une violence qu’évoque Saturne dévorant un de ses enfants.

D’abord, on pourra s’attacher à la notion de démesure, en examinant des œuvres qui saturent les phénomènes temporels et qui n’hésitent pas à explorer les extrêmes de l’expérience temporelle. Il pourra s’agir d’esthétiques de grossissement, liées à la vitesse, à la fréquence, à la longueur, mais aussi, à l’inverse, d’esthétiques de miniaturisation ou d’atomisation du temps. La démesure pourra aussi nous conduire à interroger la violence du temps, telle qu’elle peut se manifester dans le surgissement, dans l’éclat ou dans la rupture.

Sous l’angle de l’excentricité, il sera intéressant d’étudier les formes découlant des démentis infligés à la représentation traditionnelle du temps comme les anachronismes, les discontinuités, les verticalités, les stases ou toute autre forme de singularité temporelle poussée à l’extrême. A ce titre, on pourra considérer les œuvres d’art qui montrent l’exubérance, l’extravagance et la bizarrerie du temps, autant par des aspects formels atypiques que par le façonnement d’une étrangeté.

Enfin, de la démesure et de la singularité temporelles résulte l’impensable qui se manifeste dans les représentations volontairement illogiques, absurdes ou incohérentes du temps. Les œuvres étudiées seront donc le lieu de parcours ou de durées impossibles, d’apories temporelles exacerbées ou simplement de temporalités erronées, irrationnelles, inadmissibles.

Le temps ne peut-il se concevoir que par la démesure, par l’extravagance et par la déraison ? L’art ne démonterait-il pas là que le temps n’est sensible que dans une dynamique de folie ?

A titre d’exemple, en musique, on pourra examiner les phénomènes d’extension de la durée (Wagner, Mahler), de miniaturisation (Webern, Schoenberg), de fragmentation (Stockhausen, Cage) ou de répétitions exacerbées (Reich, Glass). En littérature, on pourra explorer la démesure dans les genres traditionnels (journal intime, roman fleuve), étudier les tensions et les déséquilibres temporels, par exemple, entre le temps du récit et le temps de l’histoire ou encore se concentrer sur les limites du temps et de l’espace (Borges, Danielewski). On pourra aussi étudier le temps du parcours esthétique (peinture, architecture, installations), les temporalités liées aux nouvelles technologies (littérature digitale, interactivité et hypermédia) ou l’idée de l’excès lié au temps en cinéma ou en photographie.

Se voulant interdisciplinaire, ce colloque sera attentif aux études venant de multiples champs disciplinaires : langues et littératures, musicologie, philosophie, esthétique, arts, histoire des idées.

Les propositions de communication de 20 minutes, en anglais ou en français, accompagnées d'un résumé d’environ 250-300 mots, sont à envoyer avant le 15 janvier 2011 à Marcin Stawiarski (marcin.stawiarski@unicaen.fr) et à Gilles Couderc (gilles.couderc@unicaen.fr).

Une sélection de communications sera publiée dans un numéro spécial de la Revue LISA et dans KronoScope: Journal for the Study of Time (Brill).

Langue : français ou anglais
Date du colloque : les 27 et 28 mai 2011
Date limite des contributions : 15 janvier 2011
Comité d’organisation :
Claudia Clausius (ISST, King's University College, University of Western Ontario)
Dennis Costa (ISST, Boston University)
Gilles Couderc (Université de Caen Basse-Normandie, ERIBIA)
Marcin Stawiarski (Université de Caen Basse-Normandie, ERBIA)
Contact :
Gilles Couderc (gilles.couderc@unicaen.fr)
Marcin Stawiarski (marcin.stawiarski@unicaen.fr)